Talking with Strangers - Reviewed By Renaud Oualid (French)


Talking With Strangers Album CoverJudy Dyble, ça ne vous rappelle rien? C'est que vous êtes trop jeune, mon bon monsieur! En effet, il s'agit de la légendaire chanteuse de Fairport Convention et Trader Horne (parmi les plus connus)! Oui, ça ne date pas d'hier puisqu'il s'agit de la fin des sixties dont je vous parle, là! Petit historique très court de la dame : née à Londres en 1949, elle joint le groupe Judy and the Folkmen en 1967 et s'essaye à jouer de l'auto-harpe. Un seul concert sera donné par ce groupe fugace qui n'enregistrera aucun album. En 1967, elle est requise par le groupe Fairport Convention qui cherche une voix féminine et aura la chance de participer à leur premier album éponyme paru en juin 1968, avant d'être proprement éjectée du groupe tout juste avant la parution de l'album, sans explications, semble t'il. Puis c'est la rencontre avec Ian McDonald, l'annonce de recherche de musiciens à laquelle répond Peter Giles qui les présente à son frère et à Robert Fripp. Elle intègre leur groupe actuel sous le patronyme Giles, Giles, Fripp, McDonald and Dyble. Son travail peut être écouté sur les fameuses "The Brondesbury Tapes", l'album "The Cheerful Insanity Of Giles, Giles & Fripp" étant déjà paru lors de son engagement. L'arrivée de Peter Sinfield marquera son départ pour d'autres cieux. Nous sommes en 1969 et  elle intègre Trader Horne avec lequel elle tournera pas mal et sortira un seul album : "Morning Way". Elle quittera précipitamment le groupe sans explications. En 1972, elle rejoint Lol Coxhill, Steve et Phil Miller (Caravan/Delivery) dans un groupe nommé Dyble, Coxhill & the MB’s ou Dyble, Coxhill and the Miller Brothers (connu aussi sous le nom de Penguin Dust). Ce groupe éphémère n'enregistrera pas la moindre note mais donnera quelques concerts en Hollande. Rien ne sera enregistré et pas la moindre photo du groupe n'existe! On comprend mieux pourquoi la chanteuse prendra une "retraite" de près de trente ans après de telles expériences! En effet, de 1973 à 2002, plus aucune trace de Judy Dyble! Ceux qui la croyaient morte en seront pour leur frais puisqu'elle est bien "alive & kickin" et gère sa nouvelle carrière de fort belle façon, à commencer par son site internet où elle détaille avec force détails sa vie musicale passée et présente. En 2004, elle publie un album solo "Enchanted Garden" qui sera suivi par deux autres en 2006 : "Spindle" (sur lequel apparaît une version de "See Emily Play" de Pink Floyd) et "The Whorl", sur lequel elle chante "I Talk To the Wind" de King Crimson. 2009 verra donc son quatrième album solo enregistré avec moult amis. Co-produit et co-écrit avec le leader de No-Man, Tim Bowness et celui de Cromer Museum, Alistair Murphy, l'album est une pure merveille de compositions riches et variées et de mélodies magnifiques. Parmi les invités exceptionnels (trop nombreux pour être tous cités), notons la présence de Robert Fripp, Ian McDonald, Pat Mastelotto (King Crimson), Jacqui McShee (Pentangle), Julianne Regan (All About Eve), Simon Nicol (Fairport Convention) et Celia Humphris (Trees). L'album compte 6 morceaux assez concis (entre 1'51 et 6'28) et un "epic" de près de 20 minutes! Les "chansons" sont exceptionnelles de par la voix de la chanteuse, qui n'a rien perdu de sa beauté surannée. Elle se fend même d'une bien belle reprise de "C'est La Vie" (signée Greg Lake/Peter Sinfield et popularisée par ELP). Le morceau de choix étant bien sûr ce "Harpsong" qui clôt l'album, titre qui commence classiquement comme une chanson et se termine par des joutes progressives magnifiques. Un retour gagnant pour la belle Judy que je vous propose de découvrir ou de redécouvrir par le biais de ce magnifique album, à la non moins superbe pochette signée John Hurford (le livret étant parsemé de dessins de l'artiste culte Koldo Barroso).
 
Renaud Oualid